En fait, l'édition d'une revue est une obligation essentielle pour une discipline scientifique. Elle est le miroir des capacités productrices de tous les chercheurs qui se déploient dans ses laboratoires. Dans tout champ disciplinaire, par ses recherches, se construit la méthodologie. En d'autres termes, l'outil de diffusion des savoirs fécondés au sein de notre Aima Mater donne à cette dernière l'occasion de concrétiser ses ambitions et ses objectifs, de préciser les frontières des SIC (Sciences de l'information et de la communication) à l'intérieur de l'univers de loin plus large des SHS (Sciences de l'homme et de la société).
Cette clarification est utile pour notre revue. Car, au nom de la nécessaire et fameuse circulation des savoirs, il est à craindre que la pluridisciplinarité ne conduise à la noyade les Sic, si ces dernières ne se rencontrent pas. C'est donc l'interdisciplinarité qui est notre horizon d'attente, non point la pluridisciplinarité.
L'horizon interdisciplinaire est, somme toute, celui qui voit l’épistèmê produit dans les diverses sciences interconnectées, de manière synergique et connivente[1], converger vers des connaissances neuves[2]. Et ces dernières sont alors le fruit d'une création tout à fait mutante au regard des territoires et « disciplines d'origine »[3]. Le programme des Sic est alors à tracer comme suit[4] : « Beaucoup de courants se déversent dans nos SIC, mais l'eau ne remonte jamais la cascade » !
En quittant désormais l'ancien format pluridisciplinaire en faveur de celui nettement interdisciplinaire, la revue Les Cahiers congolais de la communication se donne aussi la chance de rompre avec les nuisibles confusions épistémologiques entre pluridisciplinarité et interdisciplinarité en SIC. Nous pourrons ici voir comment, dans la perspective d'un réel renouveau théorique et méthodologique, chaque approche convoquée pour analyser « le discours », tout en puisant dans une quelconque source disciplinaire des SHS, va œuvrer dans le but d'irriguer un objet unique : la communication.
[1] DARBELLAY, F., Interdisciplinarité et transdisciplinarité en analyse de discours. Complexité des textes, Intertextualité et transtextualité, Genève, Slatkine, 2005, p. 47 et 183.
[2] A.J. Greimas est explicite à propos du « fonctionnement de l’interdiscipline : s'il y a simple juxtaposition de disciplines, il n'y a pas grand-chose à espérer ; il faut chercher une méthodologie commune et transposable ». Cfr FONTANILLE, J., « Entretien avec A.J. Greimas », in : Langue française, vol. 61, n° l, 1984, p. 122.
[3] OLLIVIER, B., « Enjeux de l'interdiscipline », in : L'année sociologique, 51, n°2, 2000, p.15
[4]BOUGNOUX, D-, Introduction aux Sic, Paris, La Découverte, 2001, p. 1